Deze brief is het zesde gedeelte van het boekje Appel aux
Francoises enzv, zie voor een overzicht van alle gedeelten
uit het boekje deze pagina.
Een betoog met meerdere onderwerpen, met na afloop meteen een
concreet resultaat. Op pagina 22 staat een noot die voor zo ver ik
kan zien, nergens bijhoort.
De datum 23 februari is de datum dat het verhaal is gepubliceerd
in het blad La bouche de fer van de Vrienden van de
Waarheid, zie hier, maar de
zitting waarop het is voorgelezen is vrijdag 18 maart 1791.
Bij de publicatie op 23 maart staat ook dat dit wordt behandeld
als een van de ingekomen brieven en dat de 'procureur-général' (=
de abt Claude Fauchet) van de Cercle Social het voorleest.
Lettre d'une amie de la vérité, Etta Palm, née d'Aelders,
Hollandoise, sur les démarches des ennemis extérieurs et
intérieurs de la France; suivie d'une adresse à toutes les
citoyennes patriotes, et d'un motion à leur proposer pour
l'assemblée nationale, lue à l'assemblée fédérative des amis de
la vérité, le 23 mars 1791
MESSIEURS,
Plusieurs princes de l'empire paroissent ligués avec M, d'Artois,
Condé, Rohan-la- Mothe, et les aristocrates émigrans, pour
attaquer la France.
Quand ils pourroient ramasser et soudoyer cinquante mille
combattans, que peuvent cinquante mille brigands contre trois
cents, mille soldats de la liberté, qui périroient toua pour
défendre la patrie ?
Oui, Messieurs, si vos ennemies avolent votre ame franche, loyale
et généreuse; s'il osoient vous attaquer de front ! Mais songez
que ces montres, nés parmi vous, n'ont des François que le
langage; leurs ames, petries de boue et de poison, ne distillent;
que le crime et la trahison. Ils n'ignorent pas que, courbé sous
le joug despotique, les François étant brave et vaillant à
l'excès; il est invincible depuis qu'il connoît la dignité de
l'homme et le prix de la liberté. Mais, Messieurs, ils comptent
sur la maxime perfidc qui renferme tout l'art des despotes:
divisez pour regner !
Ces lâches, exercés dès l'enfance aux fourberies de toute espèce,
insolens et rampans, tour-à-tour, combien de fois n'ont-ils pas
surpris votre bonne foi ?
Une trame ourdie avec les ennemis naturels de la liberté de la
Françe, une correspondance intime avec les traîtres de tous les
coins du royaume, l'exemple des malheureux Belges et Liégeois;
voilà ce qui anime leur espoir !
Ils ont vu dans un instant, opérer une grande révolution dans les
provinces Belgiques; le tyran aux abois étoit repoussé dans ses
derniers retrachchement; encore un pas
seulement et ses florissantes provinces étoient libres,
indépendantes.
Hélas ! dois-je le dire ? Oui. Dans le sanctuaire de la vérité, au
milieu des hommes libres, cette divinité doit se montrer sans
détours; oui, Messieurs, cette capitale, ce foyer de la liberté, a
vomi le démon infernal qui, sous l'apparence fraternelle, sous
l'appareil bénin de la démocratie, a jetté tous le serpens de la
discorde parmi ce peuple infortuné; non content de les avoir
désunis, on n'a cessé de les calomnier auprès de vous, auprès des
représentans de la nation, ces malheureux frères qui vous
tendoient les bras !
Repoussez avec mépris un enne formidable, un ennemi de votre
liberté; le protecteur de vos assassins s'établit à vos portes; il
y forme le rendez-vous des conspirateurs; l'adresse avec laquelle
le dictateur autrichien avoit paralysé l'armée belgique, en
corrompant les chefs, leur fait espérer qu'ils trouveront la même
facilité dans l'armée françoise, dont la plupart des officiers
sont ennemis de la constitution; ils ne peuvent ignorer cependant
que pour entreprendre avec succès quelques démarches hostiles
contre la France, trois choses
leurs sont absolument nécessaires, augmentation de troupes dans
les provinces Belgiques, et pour cet effet un accord parfait avec
le gouvernernent des Provinces-unies, et une mésintelligence parmi
les patriotes en France.
M. de Merci, à qui l'empereur a donné un pouvoir tiès-étendu,
s'est apperçu, pendant son dernier séjour à la Haye au
dernier congrès, qu'il seroit impossible d'entraîner cette
république et ses alliés, dans aucune démarche contre la France.
Oui je puis vous assurer et ne crains pas d'être démentie, le
gouvernement des Provinces-unies, ma patrie, n'a rien de plus à
coeur que de conserver la bonne harmonie qui règne entre les deux
Nation alliées; cette république vous a donné plusieurs preuves,
qu'elle distinguoit la nation françoise d'avec le ci-devant
ministère, dont ils avoient tant à se plaindre; aucun de vos
fugitifs n'a été accueilli chez elle; elle a retiré sa confiance à
celui dont la nation croit avoir à se piaindre, dès qu'il a été
dénoncé, et dans ce moment même elle insiste sur la ratification
des treize articles signés par le plénipotentiaire autrichien, et
déclare qu'elle ne souffrira pas que le nombre des troupes dans le
Pays-bas excède celui
qui est fixé par les
conventions et les traités; non, Messieurs, non; la république de Hollande ne se liguera pas avec vos ennemis contre la liberté, et le nouvel ordre des choses établi en France; j'ajoute encore. en dépit de quelques journalistes pensionnés par le ci-devant ministère pour calomnier cette république (1) et altérer son crédit
pas des mensonges absurdes et infames, comme si la banque
d'Amsterdam alloit faire banqueroute, lorsque les capitalistes de
Paris y versent six millions de florins; une nation qui connoît si
bien le prix de l'argent verseroit-elle ses trésors dans un
établissement dont' la solidité seroit douteuse ? Ce qui est sûr,
c'est que depuis vingt ans le commerce des Hollandois n'a été
aussi florissant que l'année dernière, il est sorti du seul port
deTexel 500 vaiseaux de plus que dans la meilleure des vingt
années précédentes.
Le dictateur autrichien n'ayant vu aucune possibilité d'attirer le
gouvernement Hollandois dans ses vues, et ayant besoin d'une
augmentation de troupes pour contenir les Belges, et soutenir
l'armée de brigands dont Condé est le chef, il cherche par des
chicanes absurdes et d'un ton révoltant, à forcer les
états-généraux à une rupture, et sous le prétexte de guerroyer les
Hollandois, à former une armée considérable dans les Pays-bas,
pendant qu'il veut vous endormir par l'apparence d'établir un
gouvernement démocratique dans les provinces Belgiques.
Ah, Messieurs ne seroit-il pas insensé de
croire que le despote ministre qui présidé aux persécutions des
braves Liégeois, le ministre d'un monarque qui se faisoit gloire
de se couvrir de la peau de lion ou de renard, selon les
circonstances; enfin, le ministre dont la Iongue carrière parmi
vous n'a pas offert un seul trait de vertu, de civisme ou de
popularité, qui depuis le moment de votre révolution, s'est trouvé
étroitement lié avec vos ennemis, veuille tout-à-coup paroîtrc le
protecteur de la liberté, l'homme du peuple,
l'ami de la démocratie: non, Messieurs, cela est impossible; se
sont des ruses de cour; car; n'en doutez pas, ils invoquent toutes
les divinités infernales pour lâchér les serpens de l'envie parmi
vous; hé ! ne se sont-elles pas retranchées dans les ames foibles
et superstitieuses ? Oui, ils se repaissent de l'espoir de
répandre un deuil éternel sur la France.
Mais le foyer du patriotisme qui existe dans la capitale, et qui
jette ses rayons jusqu'aux extrémité du royaume, et alimente ce
feu sacré dans le coeur de tous les amis de la liberté est le plus
grand obstacle qu'il faut attaquer de
vive force; en conséquence ils redoublent leurs efforts;
mensonges, libelles calommies pour détruire votre confiance dans
l'auguste sénat qui régénère la France; pour désoler et arracher
du milieu de vous le roi citoyen qui ne connoît de bonheur que
celui des François. Ils ne s'occupent qu'à vous rendre odieux les
citoyens qui ont le plus mérité votre gratitude; ils peindront
leurs foiblesses ou inadvertances, comme des crimes et des
trahisons; les plus zélés patriotes, comme des vils factieux, les
citoyens qui défendent votre liberté, votre propriété, comme de
petits despotes, voulant par là diviser les sociétés patriotiques,
pour les détruire les unes par les autres, désoler les représentas
de la nation, décourager les défenseurs de la constitution, et
désespérer les bons citoyens de tout le royaume. C'est alor que
les
satellites allemands, conduits par se traîtres, envahiroient vos
frontières, que le sang des patriotes couleroit à grands flots et
que le plus florissant royaume de la terre, ne seroit plus qu'une
terre de douleur, de crime et de proscription.
Non, citoyens, non ils ne réussiront pas, ces hommes de sang; la
providence a trop
visiblement protégé votre révolution pour l'abandonner; l'Etre
suprême le Dieu des patriotes est le vrai Dieu, Celui qui épargna
Sodome, tant qu'il y resta un juste, ne souffrira pas que tant de
milliers d'hommes de bien soient livrés au glaive des méchans,
Mes concitoyens, mes frères, si ma foible voix pouvoit attendre
votre coeur, si mon zèle, pour le bonheur des François pouvoit
vous inspirer quelque, écoutez-moi. Ralliez-vous autour de l'arbre
de la constitution, c'est l'arbre de vie, veillez sur le faisceau
sacré de l'union, boulevard de votre liberté; allez abjurer sur
l'autel de la patrie, toute haine et inimitiés partielles, toutes
jalousies personnelles; dévouez au mépris, à l'anathême celui qui
osera calomnier son fnère; que l'amour de la patrie, de la
liberté, de la fraternité soit dans vos coeurs comme sur vos
lèvres; cherchons tous les moyens de nous seconder mutuellement,
de secourir les infortunés, de régénérer les moeurs, de chérir la
vertu, et à contribuer, chacun en particulier comme en général, à
rendre le peuple François le peuple le plus heureux de la terre;
que votre union et votre bonheur soient bénis par toutes les
nations.
Dans les 83 dépaetemens, les citoyens armés se sont unis pour
défendre la constitution, ne pensez-vous pas, Messieurs, que leurs
épouses ct les mères de familles pourroient se réunir à leur
exemple, pour la faire aimer. La société des Amis de la vérité est
la première qui nous ait admises à des séances patriotiques,
Creil, Alais, Bordeaux, et plusieurs autres ont suivi votre
exemple; ne serait-il pas utile que dans chaque section de la
capitale, il se formât une société patriotique de citoyennes,
amies de la vérité, dont le cercle central et fédératif seroit
surveillé par vous, Messieurs, et inviteroit toutes les sociétés
fraternelles des 83 départemens à correspondre avec elles; chaque
cercle des citoyennes se rassembleroit dans chaque section, aussi
souvent qu'elles le croiroiént utilc pour le bien public, et sclon
leurs conventions particulières; chaque cercle auroit une
direction particulière, qui se réuniroit, une fois par semaine, en
directoire général, sous la surveillance du directoire des amis de
la vérité; alors en seroit à même de surveiller efficacement les
ennemis de la liberté que la capitale renferme dans son sein, de
distinguer le véritable indigent qui auroit besoin du secours de
ses frères d'avec le brigand appellé par les enncmis; et le
directoire du cercle central, correspondant avec les sociétés
patriotiques des départemens, propageroit les lumières, et
mettroit à même de rompre plus facilement les trames ourdies par
les malveillans.
C'est à vous, Messieurs, aux amis de la vérité, à développer toute
l'utilité d'un tel établissement; je desirerois proposer à mes
concitoyennes, un moyen de prouver qu'elles sont dignes dé la
justice que les augustes représentans de la nation viennent de
leur rendre; qu'elles ne vous cèdent point en zèle, pour vous
seconder à consolider leur ouvrage.
Ces cercles de femmes pourroient être chargés de surveiller
l'établissement des nourrices. Ah ! combien il est instant de
porter un oeil maternel dans cette administration dont la coupable
négligence fait frémir la nature; oui, des jeunes femmes de la
campagne, arrivant dans cette capitale immense, sans amis, sans
connoissances, abandonnées à elles-mêmes désoeuvrées et
vagabondes, en butte aux séductions de toute espèce, retournent
souvent dans leurs foyers, l'amè
avilie, le sang corrompu; et ces innocentes victimes, confiées à
ces
créatures, sont immolées ou condamnées à une existence
douloureuse, à des infirmités sans nombre; mille autres raisons
qui ne sont pas moins intéressantes, exigent une surveillancc
sévère dans cette administration, pour donner à la génération
future des hommes sains et robustes; eh ! n'est ce pas là le champ
d'honneur où nous devons cueillir nos lauriers ?
Ces sociétés de citoyennes, pourroient encore être chargées de
surveiller l'éducation publique. Ne seroit-il pas nature que les
écoles de charité, pour la plûpart confiées à des êtres ignorans,
nourris dans ded préjugés de tout genre, fussent sous la direction
immédiate des citoyennes éclairées e vertueuses; des patriotes
zélées veilleroient à ce que l'on apprît aux enfans les droits dcs
hommes, le respect et l'obéissance dues à la loi, le devoir des
citoyens, les décrets de l'assemblée nationale; enfin, les noms
révérés des régénérateurs de la France, au lieu de la légende des
saints et l'almanach des miracles ? Ces clubs de femmes pourroient
encore être chargés des informations sur Ie conduite et le besoin
des infortunés qui réclameroient les secours de la section, ce qui
seroit facile par les
moyens du cercle central où les citoyennes de toutes les sections
se rencontreroient; car ce n'est pas tout de donner, mais de bien
donner; par exemple une femme indigente, sur le point de devenir
mère, privée de tout les secours que son état exige, n'a-t-ells
pas des droits sacrés à notre assistance ? Malheur celles d'entre
nous qui verroient, sans pitié, leur semblable, accablée de
misère, sur un grabat de douleur, en mettant au monde une victime
innocente dont les cris affoiblis par le besoin, nous demandent la
conservation de son existence ! Malheur à celle qui ne partageroit
pas, à cette vue, ses vêtemens pour la couvrir, son nécessaire
pour la secourir !
Ainsi, en établissant dans chaque section unc société de femmes,
par une légère contribution d'un écu par mois, par exemple,
pourroit, (les frais prélevés) former un fond pour les femmes
indigentes, et nommer entr'elles un directoire et des commissaires
chargée de tenir registre de celles qui réclameroient leur
assistance.
Ces commissaires seroient tenus de se transporter dans les humbles
demeures, pour s'informer des moeurs, de la conduite ou des
malheurs des indigens, et de porter avec de secours, des
consolations à leurs frères infortunes. Par ce moyen, la distance
entre le riche et le pauvre seroit infiniment rapprochée,
exciteroit la bienfaisance de l'une le courage et la patience de
l'autre, épuréroit les moeurs de tous les deux, détruiroit
l'égoïsme; et l'homm fortuné, objet de jalousie et d'envie,
deviendroit un objet d'amour et de vénération pour son. Frère dans
l'indigence.
Voilà, Messieurs, un plan digne de votre attention. C'est à vous,
aux amis de la vérité à en développer toute l'utilité. J'ose vous
assurer que les courageuses citoyennes qui vous ont secondé avec
tant d'ardeur à élever l'autel de la patrie, sur lequel vous avez
juré de n'être plus qu'un peuple de frères, applaudiront à mon
projet; elles brûlent déjà de montrer à l'Europe entière, que si,
avilies par le despotisme, une aimable frivolité étoit leur
partage, rendues à la dignité de leur être, elles seront le modèle
de toutes les vertus civiques.
Citoyennes patriotes, à qui les augustes représentans de la nation
viennent de rendre les droits imprescriptibles de la nature, dont
une lâche avidité, une injuste tyrannie vous avoient
privées, vous ne serez plus sacrifiées à l'avidité d'un frère, ou
immolées à l'orgueil de vos parens; vous ne serez plus enterrées
dès l'aurore de votre existence, dans ces cavernes odieuses où
l'on vous forçoit d'étouffer les plus doux sentimens du coeur; ce
ne sera plus un crime pour vous d'être sensibles à la voix de la
nature !
Gloire, gloire immortelle aux législateurs de la France, d'avoir
rendu à la plus foible, mais à la plus nombreuse partie de
l'humanité, leur droits, en décrétant l'égalité des partages; mais
ne seroit-il pas de votre devoir de porter le témoignage de votre
gratitude aux pieds du sénat auguste qui vient de vous donner une
existence civile ?
Je fais donc la motion expresse, pour qu'il soit nommé parmi les
femmes, Amies de la Vérité, une députation pour aller à la barre
de l'Assemblée Nationale, porter aux Représentas de la France un
témoignage respectueux et reconnoissant, de ce qu'ils viennent de
faire pour elles, et de promettre, à ces dignes Pères dé la
patrie, d'inspirer à leurs enfans le
même respect, le même amour pour la constitution, et le zéle de
plus ardent de propager les vertus morales et civiques.
Ce discours ayant reçu les suffrages unanimes, et l'impression en
ayant été demandée à l'assemblée fédérative, Madame d'Aelders
proposa aux citoyennes présentes de se réunir le samedi suivant à
l'Imprimerie du Cercle Social. J'engageai plusieurs de mes amies
de s'y joindre, et c'est ainsi que j'ai eu le bonheur de former la
Société patriotique de bienfaisance dite Amies de la Vérité, au
succès de laquel j'ai voué tout mes soins et toute mon existence.
Je bent hier: Opening
→ Bronnen → Appèl → deel 6